Nuits difficiles, insomnies, trajets quotidiens épuisants, travail nocturne… les raisons ne manquent pas pour que vous soyez éreinté au travail. Si le café, la barre chocolatée ou encore la boisson énergisante ne sont plus efficaces, le temps est peut-être venu de s’interroger sur les bienfaits de la sieste en journée. Petits conseils pour que vous osiez franchir le pas, bien que le sujet soit encore tabou en entreprise.
Le sommeil, encore le sommeil, toujours le sommeil
Le sommeil est essentiel pour la concentration, l’humeur, la productivité… bref, des sujets bien sensibles en entreprise. Bien que 59 % des personnes interrogées, dans le cadre d’une étude menée par le professeur Morin (Université Laval), affirment être en manque de sommeil, elles sont 71 % à déclarer sacrifier, en premier, cet élément quand elles manquent de temps. Une nuit de sommeil de 6 h par-ci, une autre de 5 h par-là, et vous voilà avec une dette de sommeil qui risque de devenir préjudiciable pour vous, pour l’entreprise, avec des conséquences macroéconomiques non dérisoires : aux États-Unis, la dette de sommeil a représenté, d’après Rand Corporation, un coût de 411 milliards de dollars en 2016. Sur le plan individuel, les effets sont également pernicieux : sans sommeil pendant 17 h, votre concentration s’apparente à celle d’une personne ayant 0,5 gramme d’alcool par litre de sang. Ce n’est pas le genre d’état qu’apprécierait votre employeur trop longtemps!
Sujet tabou qui tend à se démocratiser
Il en existe des sujets tabous en entreprise, et celui de la sieste en fait bien partie : « perte de temps » pour les uns, « paresse ou fainéantise » pour les autres. Vous voilà alors contraint de pratiquer votre sieste à l’abri du regard des collègues, dans votre voiture ou encore dans la salle de bains – ce n’est pas ce que l’on souhaite. Côté employeur, ce n’est pas gagné non plus : même si près de 50 % des employeurs, d’après une étude de Robert Half réalisée en 2014, pensent que c’est envisageable de faire la sieste en entreprise, ils sont très peu nombreux à l’offrir à leurs salariés. Histoire de priorité – certains préfèrent offrir des garderies d’entreprise, des salles de sport, des ateliers de yoga – ou question de mentalité – les entreprises en démarrage ou les PME sont plus réceptives que les grands groupes avec leur système hiérarchique chevillé au corps.
À chacun sa façon de se reposer
Quelles sont vos solutions? Convaincre votre employeur, espérer qu’un médecin du travail recommande un espace calme ou vous offrir du repos en dehors de l’entreprise. Depuis plusieurs années, des entreprises ont développé ou décliné leur offre de services autour de la sieste réparatrice. Vous pouvez donc quitter votre collègue sur le coup de 12 h 45 et revenir quelque 30 minutes plus tard. Entretemps, vous vous serez endormi dans une cabine mise à la disposition par un spa avec un jeu de lumière favorisant l’endormissement et le réveil nature, assoupi dans un hamac installé sur le toit de l’édifice ou encore reposé dans une salle « zen » louée à la minute. En effet, tout est une question de minute : alors que les siestes de 10 à 20 minutes (amélioration de la vigilance) ou de 60 minutes seront bénéfiques, oubliez celle de 30 minutes (inertie au réveil) ou de 90 minutes (mécontentement du boss assuré!).
Certains pensent que surmonter les préjugés face à la sieste en entreprise pourrait bien prendre une génération. Alors, pour accélérer le mouvement, faudrait-il inscrire cette obligation dans la constitution, comme en Chine? Cela risque de prendre du temps aussi…